Centrafrique : un député de Bangui destitué par la Cour constitutionnelle

Le député de la deuxième circonscription du 3e arrondissement de Bangui, Abdou Karim Méckassoua, président du mouvement “Le Chemin de l’espérance”, a été destitué ce jeudi 12 août par la Cour constitutionnelle centrafricaine.

La Haute juridiction de la RCA a prononcé sa déchéance lors d’une audience publique à son siège, jeudi, dans la capitale centrafricaine, Bangui.

Elle lui reproche d’être complice de la rébellion menée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) depuis décembre 2020.

Les six juges qui ont siégé en audience publique sur la requête, ont validé la proximité de Méckassoua avec la CPC.

Ils l’ont aussi reconnu responsable du retour en cachette en Centrafrique du chef de la CPC, l’ancien président de la République François Bozizé, sous sanction onusienne.

«Considérant qu’au nomment où la Cour rendait sa décision le 29 juin 2021, elle n’avait pas connaissance du rapport des experts du Conseil de sécurité de l’Onu et l’avis de poursuite judiciaire du cabinet d’instruction N°1… qu’ainsi le moyen soulevé étant d’ordre public, il y a lieu d’invalider les résultats obtenus par Méckassoua Abdou Karim aux élections législatives partielles du 23 mai 2021 et de prononcer sa déchéance conformément aux dispositions de l’article 141 du Code électoral », a déclaré Jean Pierre Waboé, vice-président de la Cour constitutionnelle lors de l’audience.

C’est donc son challenger Ibrahim Ould Al Hissen Algoni, candidat du Mouvement cœurs unis (MCU, au pouvoir) qui est déclaré député à sa place.

«Considérant qu’en conséquence de cette déchéance, le candidat Ibrahim Ould Al Hissen Algoni qui a obtenu 1302 voix, soit 38,38% est déclaré élu », a poursuivi le vice-président de la Cour constitutionnelle.

Une décision qualifiée de « forfaiture » par Arlette Sombo Dibélé, avocate d’Abdou Karim Méckassoua.

« Algoni a saisi la Cour d’une requête qui a été examinée sous toutes ses coutures et cette requête a été rejetée dans le délai constitutionnel. Aujourd’hui, hors délai, et sous le prétexte de destitution qui ne relève pas de la compétence de la Cour ; et le terme même est illégal en ce qui concerne un député, nous venons d’assister à ce que j’appelle une forfaiture. Nous venons d’assister à une cour se privant des prérogatives, des privilèges que la Constitution elle-même lui attribue. C’est très grave ! N’importe qui peut remettre en cause une décision de la Cour constitutionnelle », a-t-elle rétorqué à l’Agence Anadolu.

Réélu député dans le troisième arrondissement de Bangui lors des élections de décembre 2020, Abdou Karim Meckassoua était menacé de destitution depuis juillet dernier.

Son challenger aux élections législatives, Al Hissen Algoni, a déposé une requête à la Cour en se basant sur un rapport d’experts indépendants de l’ONU citant Abdoul Karim Meckassoua parmi les instigateurs de la rébellion de la CPC.

Agence Anadolu