“Ce que je sais de Boukari Ouoba…” (Témoignage de Noufou Zougmoré)

Ceci est un témoignage du journaliste Merneptah Noufou Zougmoré, sur son jeune confrère Boukari Ouoba, accusé dans des fakenews de travailler contre les intérêts du Burkina.

Ceux qui connaissent mes relations avec Boukari Ouoba diront que je défends un journaliste avec lequel j’ai partagé ma carrière. Mais ce que je veux que ces éventuels critiques sachent, est que c’est difficile de gagner mon estime, et que je me tiens loin du corporatisme. Ce jeune Ouoba puisque (je suis de loin son grand frère, pour ne pas dire son tonton), nos chemins se sont croisés au journal l’Evénement. J’avais déjà quelques années de pratiques quand lui venait d’arriver dans le canard comme stagiaire. Nous avons tout de suite sympathisé pour 3 raisons : Son désintérêt pour l’argent (j’apprécie les gens qui ont des qualités que je n’ai pas) ; son intérêt aux problèmes sociaux des gens. Ouoba a été le jeune journaliste qui a amené dans l’espace public la maladie d’yeux de l’étudiant en Histoire Emile Lalsaga qui depuis quelques années officie dans nos Universités comme enseignant après sa soutenance en thèse de doctorat. Le 3ème élément d’appréciation, c’est sa capacité de traiter de plusieurs dossiers. C’est un des meilleurs journalistes du pays en termes de qualité de production. Pour ceux qui veulent se convaincre, replongez-vous dans les reliures de l’Evénement et de Mutations qu’il a cofondées avec d’autres camarades.

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Nous avons été de tous les combats de ce pays pendant que les donneurs de leçons du patriotisme aujourd’hui étaient au service des dictateurs qui ont mené le Burkina Faso dans le chaos que nous vivons aujourd’hui. Je fais partie de ceux-là qui réfutent les accusations qu’on impute à ce jeune que j’ai vu évoluer. Qu’est-ce qui peut amener un journaliste à tremper dans ce genre de jeu sordide ? C’est l’absence de l’éthique et d’attache. Alors que Ouoba est loin de ces jeunes qui mangent à toutes les sauces.

Le Burkina Faso a cette réputation de payer ses meilleurs fils en monnaie de singe. Je suis d’une éducation qui ne veut pas que je vante mes mérites, mais comme nous avons une élite qui n’a pas le sens de l’accumulation de la mémoire, je suis obligé, toute modestie mise à part, d’inviter encore les lecteurs aux archives de Mutations. Certains des pratiques qui sont mises en application et qui commencent à engranger des victoires sur le terrain ont été, il y a quelques années, proposées dans les analyses de Boukari Ouoba. Que des nouvelles recrues anti-impérialistes dont la pratique dans la vie sociale est à des années lumières de ce qu’ils prétendent être, nous rabâchent les oreilles dans un chauvinisme débridé au nom de la guerre, il faut vivre longtemps pour tout voir.

Ouoba, je te sais courageux et croyant. Le temps est le meilleur allié des hommes. Le tribunal de l’Histoire se saisira de toutes ces turpitudes. Quant aux journalistes qui ont troqué les principes du métier contre la propagande au nom de la guerre, nous leur souhaitons bonne chance. Quant à leurs manières hypocrites de compatir à la douleur des « parias » de la corporation, demain n’est pas loin. Pour paraphraser le poète Martin Niemöller : Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté. Je n’étais pas syndicaliste… Puis ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester. Aidez une dictature à se construire au nom de la guerre, et on verra la suite.

Je fais partie de ceux qui ont toujours crié que l’Etat doit se construire un outil de communication de la guerre, mais ne commettez pas aux journalistes cette tâche.

Merneptah Noufou Zougmoré