[Analyse] La “Carte Jeune Burkindi” ou la consécration d’un Apartheid en pleine guerre

Décidément, l’union sacrée tant chantée par les autorités sous les différents régimes, ne sera pas pour bientôt. Une carte d’identité officielle émise par le ministère de la jeunesse, qui donne plus de droits, de privilèges et autres à des jeunes, par rapport à d’autres. Il ne s’agit pas d’une fiction, mais d’un fait réel, rapporté sur la page Facebook du ministère jeudi dernier.

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La carte, dont seront titulaires des jeunes de 15 à 35 ans selon des critères subjectifs, va répondre à certains objectifs . “Cette carte sera également un instrument d’identification, de gouvernance et de facilitation de l’accès des jeunes à certains produits et services que le ministère et d’autres institutions, notamment celles financières, offrent aux jeunes “, lit-on dans l’article explicatif du ministère.

Ce n’est pas tout : “De façon spécifique, il s’agit non seulement de doter le ministère en charge de la jeunesse d’un outil dynamique et tangible pour mieux développer et évaluer les actions en faveur des jeunes, mais aussi d’engager le secteur public, parapublic, privé et les Organisation de la Société Civile, sur une action concrète de contrepartie patriotique en faveur de la jeunesse, et d’amorcer les bases d’un dispositif de l’assurance chômage.”

Quel est l’instrument de mesure de ce patriotisme? Il est légitime de craindre que cette carte soit comme la bonne carte politique des anciens temps, ou comme un instrument de récompense pour les “Irissi Irissi”, ces néopatriotes assez violents, apôtres de la pensée unique.

De même que l’on ne peut gagner une course en s’automutilant, on ne peut gagner une guerre en traitant une partie de sa population d’apatride, d’ennemie, et une autre de superpatriote éclairée, dans les mains desquelles il faut abandonner notre destinée sans broncher.

Cette fameuse carte sera-t-elle remise à tous les vaillants VDP au front? Sera-t-elle distribuée aux jeunes citoyens des zones sous blocus terroriste?

La seule carte qui fait d’un citoyen ou d’un patriote burkinabè ce qu’il est, c’est la Carte nationale d’identité. Il vaut mieux travailler à rassembler, à unir et à créer le consensus, que se donner la périlleuse et moins honorable mission de diviser.

La Rédaction