Adama SIGUIRE sur la démission de Bassolma BAZIE : “personne n’est mort parce qu’il n’a pas un salaire et un numéro matricule”

Ceci est une tribune libre de l’écrivain professionnel Adama Amadé SIGUIRE, sur la démission du Secrétaire général de la CGTB, Bassolma BAZIE, de la Fonction publique burkinabè.

“Quand on refuse, on dit NON!”

Bassolma BAZIE montre la voie à suivre à tous ceux qui ont de grands rêves pour le Burkina Faso. J’ai rencontré celui que ses hommes appellent affectueusement “Le Général” quelques rares fois à Ouagadougou. En effet, il y eut un moment où je fréquentais même restaurant que le Général à la Zone du bois. Et deux ou trois fois, nous-nous sommes rencontrés dans ce restaurant. Je le saluais toujours avec beaucoup de respect et de courtoisie sans jamais prendre le temps de me présenter et d’aborder un quelconque sujet avec cet homme. Pour être honnête, j’ai beaucoup d’admiration pour Bassolma BAZIE, un homme engagé contre l’injustice et la mauvaise gouvernance. Ce n’est pas le syndicaliste que j’admire. Ce n’est pas l’homme qui défend la cause des travailleurs que j’apprécie. J’avoue que j’ai connu le syndicalisme quand j’étais fonctionnaire, et je ne m’en suis jamais intéressé. Le syndicalisme, comme il se mène au Burkina Faso, n’a jamais gagné mon accompagnement. Et je n’ai pas changé de position. Le syndicalisme burkinabè doit être profondément repensé pour servir la Nation et l’intérêt supérieur et non pas des individus. J’admire Bassolma parce qu’il est contre la mauvaise gouvernance, contre les détournements, contre le vol, contre la corruption. J’admire Bassolma pour son courage et sa détermination à affronter une classe d,hommes politiques médiocres, imbus d’eux mêmes, se prenant pour des dieux dans leur vulgarité et leur immoralité, et qui pillent les ressources de la République depuis 1987. Voilà ce qui me rapproche de cet homme. Ce matin, j’apprends qu’il a remis son matricule au ministère de la fonction publique et j’écris ce message pour admirer son courage.

Quand on refuse, on dit NON. C’est Ahmadou KOUROUMA qui parle. Bassolma, frustré dans son amour-propre, quitte cette boîte de Pandore dont les tenants sont un panier de crabes. La Fonction publique, c’est le champ de toutes les injustices où des chefs souvent médiocres, imbus de leur moindre pouvoir, dictent leur paresse et leur manque d’ambitions et de courage à des hommes intelligents .J’attendais cela de la part de cet homme. Il est difficile de combattre la mauvaise gouvernance, la corruption, de dénoncer les fourberies et toute la gangrène de l’Administration publique en ayant un proviseur, un directeur régional et un ministre de tutelle. J’ai compris cela très tôt. On ne combat pas le mal en dormant sur la natte des auteurs du mal. On combat le mal en dormant sur sa propre natte. Une fois que quelqu’un peut vous envoyer une lettre d’explication, ou vous demander de lui rendre compte, vous êtes très mal placé pour combattre le mal dont est coupable la même personne. La plus grande richesse sur la terre, c’est la liberté. J’en jouis pleinement et je sais combien elle élève l’âme, donne du courage et de la détermination. Et je disais souvent à mon épouse : “personne n’est mort parce qu’il n’a pas un salaire et un numéro matricule”. Bassolma a pris la bonne voie. Son courage et sa détermination sont à saluer. Et c’est cela qui fait un homme. La Fonction publique burkinabè est une gangrène tissée avec les fils de l’injustice, de l’abus de pouvoir et de la célébration de la médiocrité au détriment du mérite et du bon sens. Pour combattre ce système, il faut être en haut du système et non pas en bas. Le Général montre la voie à suivre à tous ses hommes. La fierté réside avant tout dans la liberté et dans le défi de toutes les contingences. Et la liberté a un prix. En disant merde au Professeur OUARO et à son ministère, Bassolma entame une autre lutte avec plus de crédibilité, d’humilité, de sacerdoce et de combativité. Je ne peux que lui souhaiter bonne chance. Vivant ou mort, la mauvaise gouvernance, l’injustice, le vol, les détournements et la corruption érigés en valeurs par le régime COMPAORE et célébrés par le régime de Roch KABORE, fidèle lieutenant et disciple de Blaise COMPAORE, sont à combattre. Et Bassolma en prend la ferme décision, loin des intérêts corporatistes et syndicalistes. Dieu et les ancêtres le bénissent et l’accompagnent.

Adama Amadé SIGUIRE