Incendie à Kossodo : une entreprise mise en cause pour stockage illégal de produits chimiques dangereux

Ceci est un communiqué du Procureur du Faso sur un incendie survenu le 9 mai 2025 dans un entrepôt à Kossodo révèle de graves manquements aux normes environnementales.

Le 09 mai 2025, le Parquet de Ouaga I était informé d’un cas d’incendie d’un entrepôt d’acide dans un magasin situé dans la zone de Kossodo. Après investigation par les unités de police environnementale, il est ressorti que ledit incendie serait parti d’un court-circuit résultant d’une mauvaise manipulation des installations électriques. En effet, le propriétaire de l’entrepôt, la société FASO CHEM SARL, évoluant dans le domaine de l’importation des substances chimiques, a stocké dans ce magasin en pleine habitation, une quantité importante d’acide nitrique et d’acide sulfurique conditionnée dans des bidons de 20 litres.
Les propriétés chimiques de ces acides sont telles qu’ils sont fortement combustants, et bien qu’ils ne soient pas inflammables et explosifs, ils peuvent au contact d’un produit combustible, provoquer un incendie ou une explosion. L’incendie de l’entrepôt a entraîné un écoulement important d’acide dans les six mètres. Ces écoulements ont envahi le voisinage par des odeurs incommodantes.

Le stockage de ces acides nécessite donc d’énormes précautions. C’est ainsi que le code de l’environnement à son article 47 a soumis l’importation et le stockage des produits chimiques à un régime (décret 1416/2023) dont l’inobservation expose à des peines d’emprisonnement de cinq (05) ans à dix (10) ans et d’amende de dix millions (10.000.000) à cent millions (100.000.000) prévus à son article 124.

Ainsi, il résulte de ce régime que le local destiné au stockage des produits chimiques dangereux est soumis au préalable à une étude environnementale ; que le local doit être conçu de manière à répondre aux exigences de sécurité pour les personnes, à l’emploi, le stockage en dehors des habitations et des zones à fort risque. À défaut, le stockage met en danger l’environnement et les risques graves pour la santé restent interdits.

On relève dans le cas d’espèce que le magasin utilisé ne fait l’objet d’aucune étude environnementale ; aucun dossier n’a été constitué en ce sens (étude environnementale, permis d’importation, etc.) d’autant plus que les produits entreposés sont des acides forts dont les effets observés dans la mesure où les pompiers même ont eu du mal à accéder aux lieux pour la prise en charge de l’incendie ; qu’enfin, le magasin utilisé pour le stockage se trouve en plein milieu d’habitations denses. Précisons que ces acides sont très irritables et corrosifs si bien que quelques heures après l’incendie, les écoulements dans les six mètres ont affecté les habitants de la zone et entraîné le séchage instantané des feuilles des arbres qui se trouvaient aux alentours.

Après interpellation et investigation documentaire, il est ressorti que la société en question se serait fait délivrer les autorisations d’importation en fournissant un dossier sur un local situé au quartier Tanghin de Ouagadougou, répondant aux normes environnementales et ayant fait l’objet d’une étude environnementale préalable conformément à la réglementation. Mais ce local n’était ni aménagé ni effectivement utilisé pour le stockage. Cela a donc été fait juste dans le but d’obtenir les autorisations d’importation. On en tire la conclusion que même ces autorisations d’importation ont été obtenues frauduleusement.

Au regard de tout ce qui précède, une enquête a été diligentée en vue d’élucider les faits et situer les responsabilités. Le Président Directeur Général de la société a été placé sous mandat de dépôt le 19 mai 2025. Son Directeur Général, de nationalité étrangère, a réussi à quitter le pays avant la fin des investigations. Toutefois, des poursuites ont été engagées contre la société et ses dirigeants pour stockage illicite de produits chimiques dangereux et mise en danger délibérée de la personne d’autrui. Le dossier a été enrôlé à l’audience du mercredi 28 mai 2025.

Le procureur du Faso en appelle au sens de responsabilité et d’écocitoyenneté de chacun, gage d’un cadre de vie assaini, paisible, tranquille et sécurisé. Pour ce faire, il invite la population à ne pas hésiter à signaler aux services de police environnementale ou toutes autres autorités compétentes, les cas suspects d’entreposage de produits, de déversement de déchets ou de traitement de produits chimiques dangereux pour leur santé.

Le Procureur du Faso
Bakouli Blaise BAZIE