À l’occasion de la Journée internationale du travail célébrée ce jeudi 1er mai 2025, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) a livré son message au public rassemblé à la Bourse du Travail, après la traditionnelle remise du cahier des doléances au gouvernement par une délégation syndicale. Devant une assistance attentive, les Secrétaires Généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes ont passé en revue les grandes préoccupations de l’heure.
Dans son allocution, le Secrétaire Général du SYNATEB, M. Souleymane Compaoré, a tenu à rappeler la signification historique du 1er mai : « En rappel, cette commémoration rend hommage à la lutte héroïque menée par les ouvriers de Chicago en 1886 et qui a permis d’arracher au profit des travailleurs un acquis de taille, qui est la journée de travail de huit heures », a-t-il déclaré.
M. Compaoré a également salué la mémoire des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), ainsi que celle des victimes du terrorisme et des camarades disparus. Il a ensuite dressé un panorama des crises multiformes affectant le monde, mettant en lumière une situation globale dominée par « la crise du système capitaliste impérialiste », toujours marquée par des rivalités inter-impérialistes, des bouleversements géopolitiques, des guerres, le terrorisme, et le pillage des ressources des nations dominées.

Prenant l’exemple de l’Afrique, il a évoqué les conflits en cours, notamment au Soudan, au Soudan du Sud, en République Démocratique du Congo (RDC), ainsi que la crise sécuritaire persistante dans les pays du Sahel. Il a aussi mentionné la création de la Confédération des États du Sahel (AES) par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, et leur retrait de la CEDEAO.
L’analyse s’est poursuivie par une observation du repositionnement géostratégique de certains pays africains – notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la République Centrafricaine – qui se tournent vers la Russie, en concurrence avec les anciennes puissances coloniales. Une dynamique alimentée, selon lui, par l’absence de perspectives viables sur le continent, poussant les jeunes à migrer vers l’Europe et l’Amérique, avec à la clé de nombreux drames sur les routes migratoires, notamment en mer. Il a également déploré les vagues de rapatriement de travailleurs migrants d’Algérie vers le Niger.
Face à cette situation mondiale préoccupante, M. Compaoré se réjouit de voir que, partout dans le monde, la classe ouvrière et les peuples poursuivent leurs luttes pour de meilleures conditions de vie et une véritable indépendance.
Sur le plan national, l’UAS dresse un constat alarmant : la crise sécuritaire persiste, entraînant massacres de civils et de militaires. Elle dénonce également des pratiques telles que des enlèvements, des réquisitions forcées, des atteintes aux libertés d’expression et de la presse, ainsi que des menaces contre ceux qui osent critiquer le pouvoir. L’UAS en appelle donc à la libération de toutes les personnes arrêtées en dehors des procédures légales, et à l’arrêt des recherches policières contre certains militants syndicaux.
L’organisation syndicale a aussi critiqué les ponctions opérées sur les salaires et les primes des travailleurs, notamment la retenue de 1% sur les salaires et de 25% sur les primes de motivation. À cela s’ajoutent de nouvelles taxes sur des produits de consommation, qui, selon l’UAS, aggravent le coût de la vie dans un contexte où les contrôles de prix restent peu efficaces.
Parmi les préoccupations exprimées figure également la lenteur dans l’adoption du nouveau Code du Travail. L’avant-projet, pourtant issu de concertations entre les différents acteurs, a été retiré deux fois : d’abord de l’Assemblée nationale en 2022, puis de l’Assemblée Législative de Transition (ALT) en 2023. L’UAS s’inquiète de ce retard qui freine la réforme tant attendue du droit du travail au Burkina Faso.
L’annonce d’une récente rencontre entre le Gouvernement et les syndicats avait suscité l’espoir d’un dialogue franc. Mais à en croire le SG du SYNATEB, cette rencontre « a accouché d’une souris ». Néanmoins, il reconnaît que sa tenue constitue un acquis en soi, tout comme l’unanimité syndicale autour du communiqué final.
L’UAS a profité de cette commémoration pour rappeler l’importante contribution des travailleurs au développement national, à travers leur participation à la production des richesses et à la fourniture de services essentiels. Elle interpelle une fois de plus les autorités burkinabè sur la nécessité de reconsidérer leurs relations avec les organisations démocratiques telles que l’UAS, dans le but de renforcer la cohésion sociale.
Elle appelle par ailleurs, à une véritable participation des organisations représentatives aux débats de société et aux grandes décisions nationales, ainsi qu’au respect des droits et libertés consacrés par la Constitution, « si tant est que cette Constitution conserve quelque validité », a précisé M. Compaoré.
Pour le SG du SYNATEB, « l’acceptation des critiques ne peut que contribuer à améliorer la gouvernance à travers les correctifs qui peuvent être portés dans la conduite des affaires de l’État ».
L’UAS dans son message, a également appelé les travailleurs à rester mobilisés, à renforcer leurs cadres de lutte, à élever leur niveau de conscience et leur esprit de sacrifice, et à faire preuve de solidarité envers les populations durement frappées par les crises sécuritaire et humanitaire.
Commentaires