À l’épreuve des réformes et de la souveraineté : les vérités du Premier ministre sur l’avenir du Burkina

Le Premier ministre, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, s’est exprimé lors d’un grand entretien diffusé sur la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB) le 28 avril 2025. Il a abordé de nombreux sujets touchant à la gestion économique, à la gouvernance, aux infrastructures, à la santé publique, à la discipline citoyenne ainsi qu’à l’image du pays sur la scène internationale.

Sur la question de la dette intérieure, le chef du gouvernement a tenu à rassurer l’opinion publique. Il a expliqué que cette dette est suivie de près par le ministère de l’Économie, et que “des grands efforts sont faits” pour son apurement. Il a toutefois précisé que la dette intérieure reste “dynamique” et nécessite un suivi constant pour éviter tout dérapage.

La lutte contre la corruption a été au centre de ses interventions. Le Premier ministre a affirmé que « le mot d’ordre est zéro tolérance » et que tout est mis en œuvre au quotidien pour réduire ce fléau. Il a insisté sur la responsabilité collective dans cette lutte, expliquant que « les citoyens doivent y contribuer » en refusant de participer à des actes de corruption. En citant une déclaration du chef de l’État, il a rappelé que « quand on vous demande de donner quelque chose pour obtenir un document et que vous cédez, vous devenez complice ».

L’affaire Tiegnan, qui a mis en lumière des pratiques frauduleuses dans l’administration, a été évoquée comme un tournant important. Le Premier ministre a indiqué que « l’instruction judiciaire suit son cours » et que, sur le plan administratif, des mesures fortes ont été prises, notamment la limitation à trois ans des affectations aux postes sensibles. Il a souligné que cette affaire avait révélé « les failles de l’administration » et que le gouvernement travaille à « réduire les marges de manœuvre » dans la gestion des deniers publics.

Concernant le dossier de la réhabilitation du stade du 4 août, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo a confirmé que « l’affaire est déjà en justice » et qu’il est établi que « le processus de réhabilitation a été entaché de pratiques et de malversations ». Il a exprimé l’espoir que les responsabilités soient situées et que « ceux qui se seront rendus coupables soient châtiés à la hauteur de leurs crimes ». Il a également assuré que, grâce à l’intervention d’une nouvelle entreprise, les travaux avancent rapidement et que le stade devrait être opérationnel d’ici juin 2025.

Dans le domaine de la santé, le Premier ministre a affirmé que de « grands pas » ont été franchis vers l’opérationnalisation de l’assurance maladie universelle. Il a rappelé que l’adoption de textes en 2024 a permis de lever les blocages et que des centaines de milliers d’agents ont déjà été recensés. Il a insisté sur l’importance de cette assurance pour améliorer l’accès aux soins, notamment pour les couches les plus vulnérables, et a assuré que « l’État est prêt à consentir les efforts nécessaires » pour sa mise en œuvre effective.

Le Premier ministre a également salué les résultats positifs des cliniques mobiles, qui permettent de rapprocher les soins de santé des populations rurales et périurbaines. Il a précisé que « des milliers de femmes ont bénéficié de consultations » grâce à ces unités mobiles, et que ce programme sera poursuivi pour renforcer l’offre de soins de qualité.

Au chapitre de la discipline citoyenne, il a rappelé l’importance de l’ordre et de la discipline, en lien avec les récentes Journées d’engagement patriotique. L’instauration de travaux d’intérêt général pour les contrevenants à la réglementation routière a été présentée comme une mesure éducative. Selon lui, « l’objectif n’est pas d’être méchant », mais d’inculquer aux citoyens le respect des règles et de mettre fin à une « récréation » marquée par l’indiscipline dans les espaces publics.

Abordant la question des fake news, le Premier ministre a dénoncé « une manipulation organisée » visant à fragiliser le pays. Il a appelé à une « éducation aux médias » pour renforcer l’esprit critique des citoyens et a précisé que des actions de répression sont en cours pour identifier et sanctionner les auteurs de ces actes, en coopération avec les institutions compétentes. Il a particulièrement pointé du doigt certains médias étrangers, accusés de propager « beaucoup de mensonges » dans le but d’isoler le Burkina Faso sur la scène internationale.

À propos de la mise en garde de certains pays déconseillant la destination Burkina Faso, il a estimé que cela participe d’une stratégie d’isolement politique. Il a cependant souligné que malgré ces campagnes, « le Burkina Faso est un pays où il fait bon vivre » et a mis en avant les succès récents comme celui du FESPACO, qui a réuni des festivaliers venus du monde entier. Il a conclu en assurant que malgré les tentatives de déstabilisation, le Burkina Faso continue de recevoir « des centaines, des milliers d’amis » chaque jour et que les perspectives du pays restent solides.