L’Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso (AD-BF) a dénoncé, lors d’une conférence de presse le 18 mars 2025, une crise de gouvernance à l’hôpital protestant Schiphra, liée au refus de l’ancienne directrice, Marie-Claire Traoré, de quitter ses fonctions après sa mise à la retraite.
Selon les responsables de l’AD-BF, l’hôpital trouve ses origines dans un dispensaire créé dans les années 1940 par des missionnaires français et américains avant d’évoluer sous la tutelle de l’Église. En 1998, Marie-Claire Traoré en prend la direction. En 2013, elle fonde l’Association Schiphra, qui obtient en 2018 une autorisation de représentation auprès du ministère de la Santé. L’AD-BF affirme que cette association devait fonctionner sous son contrôle.
Les responsables de l’AD-BF indiquent qu’après 26 ans de service, Marie-Claire Traoré a été mise à la retraite en décembre 2024 et remplacée par le Dr Jacob Sawadogo. Marie-Claire Traoré aurait proposé son fils, Yann Traoré, actuel Directeur Administratif et Financier (DAF) de l’hôpital Schiphra, comme successeur à la direction générale. Selon le Dr Jean-Marie Badiel, administrateur général de l’AD-BF, cette suggestion a été rejetée car elle ne répondait pas aux critères fixés par l’Église. L’Église ajoute que l’ancienne directrice a ensuite proposé une autre candidate, également écartée pour des raisons similaires.
Ils affirment qu’elle refuse de reconnaître cette décision et conteste l’autorité de l’Église sur l’hôpital. « Elle ne se reconnaît pas comme employée des Assemblées de Dieu et affirme que l’hôpital appartient à l’Association Schiphra », a déclaré le Dr Jean-Marie Badiel, administrateur général de l’AD-BF. L’Église précise que la transition a été préparée depuis 2023. Face à l’impasse, l’AD-BF affirme avoir engagé une procédure judiciaire.
Le 5 mars 2025, un huissier, accompagné de la force publique, a procédé à l’installation du nouveau directeur. « L’huissier a dû briser la porte de la salle de réunion après deux heures d’attente, car Marie-Claire Traoré refusait de remettre les clés », a rapporté Me Christophe Birba, avocat de l’AD-BF.
Selon l’AD-BF, le 14 mars, un juge des référés a ordonné à Marie-Claire Traoré de quitter les locaux. L’huissier chargé de l’exécution aurait rencontré une résistance. « Elle s’est réfugiée dans une chambre de malade avec un certificat médical de 72 heures, puis, une fois l’huissier parti, elle est retournée dans ses appartements », a déclaré l’avocat.
L’AD-BF annonce également son intention de poursuivre l’Association Schiphra pour faux. Me Christophe Birba estime qu’« une structure créée en 2013 ne pouvait légalement bénéficier d’une décision administrative de 2008 ». L’Église considère que l’autorisation obtenue auprès du ministère de la Santé repose sur des irrégularités et entend faire valoir ses droits en justice.