Le Premier ministre à la Représentante spéciale de l’UE : “il ne peut pas y avoir d’élection s’il n’y a pas de sécurité du territoire”

Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a reçu en audience, ce mardi 3 octobre 2023, à Ouagadougou, une délégation de diplomates européens conduite par la Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, Emmanuela C. Del Re. Cette rencontre a permis de passer en revue les différents domaines de coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso.

Lors des échanges, le Chef du Gouvernement a rappelé « la coopération harmonieuse » que le Burkina Faso entretient avec l’Union européenne.

« Nous avons toujours eu de bonnes relations avec l’Union européenne, contrairement à la France. Nous n’avions pas de bonnes relations avec la France parce que nous avons été colonisés par elle et qu’elle nous considère toujours comme sa colonie. Elle pense qu’elle doit toujours agir comme si nous étions encore ses colonies. Nous refusons cela. C’est à nous maintenant de définir notre vision. La France souhaite constamment nous maintenir sous sa domination et comme nous refusons cela, le Gouvernement français n’hésite pas à utiliser les institutions internationales pour entraver tous les projets en faveur du Burkina Faso. Si elle ne change pas, nos relations vont se détériorer, car nous sommes ici pour garantir notre pleine souveraineté et construire notre pays », a-t-il souligné.

Le Premier ministre s’est ensuite interrogé sur la nécessité de se précipiter pour organiser des élections : »nous en sommes à notre troisième Transition, depuis 2015. La question que nous nous posons est la suivante : comment instaurer la stabilité des institutions du Burkina Faso ? Faut-il se précipiter pour organiser des élections folkloriques pour plaire aux autres, au risque de voir le régime élu victime d’un coup d’État ? Ou devons-nous prendre le temps de poser les bases d’une société solide avant de tenir des élections ? C’est la question à laquelle nous sommes confrontés ».

Pour le Premier ministre, « il ne peut pas y avoir d’élection s’il n’y a pas de sécurité du territoire. » Il poursuit que  » les populations doivent être libres de circuler, d’aller et venir, et les candidats aux élections doivent pouvoir faire campagne dans tout le pays. Nous devons réinstaller les électeurs et faire des listes électorales crédibles qui incluent tous les électeurs ».

Il a également expliqué la nécessité pour le Burkina Faso de se doter d’une nouvelle Constitution.

À entendre Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, c’est un impératif pour la refondation de la société burkinabè.

« Nous avons constaté que notre société est fragile. Nous avons donc besoin d’une organisation solide enracinée dans les structures de la société pour que les institutions soient fiables. C’est pourquoi nous voulons refonder notre Constitution. Très peu de gens se reconnaissent dans la Constitution actuelle, car elle est une copie conforme de la Constitution française, alors que nous ne sommes pas Français. Nous avons donc besoin d’une Constitution qui reflète notre histoire, notre culture et nos aspirations. Nous devons jeter les bases de l’écriture de cette Constitution qui définira de nouvelles institutions qui pourraient être différentes de celles qui existent actuellement », a expliqué le Premier ministre.

La Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, Emmanuela C. Del Re, a exprimé, à sa sortie d’audience, le souhait que le Burkina Faso et l’Union européenne travaillent, de concert, sur des questions prioritaires.

« Il est important que l’Union européenne et le Burkina Faso collaborent pour résoudre des problèmes d’intérêt commun tels que la sécurité, la coopération au développement et surtout l’aide humanitaire », a-t-elle indiqué.

DCRP/Primature