Ceci est une tribune de l’écrivain burkinabè, Adama Siguiré.
Si la Transition du Capitaine Ibrahim TRAORE était ce régime tout puissant qui protégeait ses défenseurs, Mohamed SINON ne serait pas en prison.
Je le dis et je le répète : ma préoccupation actuelle, c’est la reconquête du territoire national afin que mes oncles repartent au village pour cultiver et me décharger de ce poids social très lourd sur mes épaules. Mon soutien au pouvoir du Capitaine Ibrahim TRAORE ne souffre pas de débat, ni devant Dieu ni devant le diable. Et je soutiens ce pouvoir parce qu’il est le moindre mal que je vis depuis 1988 au Burkina Faso. Je n’ai jamais dit que le pouvoir de la Transition est parfait et que tout se passe selon les normes républicaines. Et je ne cautionne ni l’impunité, ni l’injustice. Mais, je refuse de me noyer dans le maquis des manipulateurs et de célébrer la messe avec les naïfs. Je suis moi-même, et en juillet 2022 quand on m’a appelé dans une villa cossue de Ouaga 2000 pour demander mon adhésion au Front Patriotique contre des billets craquants, j’ai dit à un ami : “Je ne vais pas passer ma vie à apprendre un savoir et quelqu’un va utiliser ce savoir contre moi. Être lâche et idiot, c’est donner de plein gré son arme à l’adversaire pour qu’il vous abatte”.
Vous dites que je n’ai pas réagi sur le débarquement des militaires pour enlever Adja hier nuit. Effectivement, je n’ai pas réagi sur cela..Pourquoi? Je ne parle pas au hasard. Je ne peux pas réagir pour plaire à un homme ou à un groupe d’hommes. Et je n’ai aucune obligation de réagir car ce n’est pas moi qui dirige le Burkina. Et ils sont nombreux qui ont trouvé dans cette affaire une stratégie pour abattre la Transition. Ils sont nombreux qui sont convaincus que leur objectif sera atteint. Ils sont nombreux qui sont convaincus que l’affaire Adja va mettre fin au pouvoir Traoré. Que les détracteurs de la Transition montent leur plan. Que ceux qui rêvent de la chute du régime profitent de tout pour embarquer les naïfs. Je suis au-dessus de la manipulation et de la naïveté. On ne m’apprend pas ce que j’enseigne.
Je suis contre l’injustice et l’impunité. Et je suis contre l’intervention des autorités dans le domaine judiciaire. Je suis aussi contre la manipulation, la supercherie, la perfidie et la mauvaise foi. Mohamed Sinon est un grand soutien de la Transition. Ce vaillant jeune a défendu le régime du Capitaine depuis son arrivée au pouvoir. Et puis, il est tombé sous le coup de la loi. Il a été présenté au juge qui l’a condamné à 36 mois de prison ferme. Le Président Traoré tout comme le DG de l’ARN ne peuvent rien contre cette décision. Et il y a eu bien avant cela le grand leader de Bobo Nestor Podasse qui a été écroué à la maison d’arrêt de Bobo Dioulasso. Il était un principal soutien de la Transition. Et il y a quelques mois, les comploteurs contre la Nation étaient devant les juges. Certains ont été condamnés et d’autres ont été relaxés. Si c’étaient les autorités de la Transition qui étaient juges, tous allaient partir en prison car il y avait des preuves contre tous…
Et vient hier soir l’affaire de Adja, la guérisseuse, cette dame de Komsilga. Qui est- elle pour échapper aux lois de la justice? Qui est-elle? Et pourquoi les autorités de la Transition tiennent à la protéger ? Pourquoi ces mêmes autorités n’ont pas empêché les juges de condamner Sinon ? Vous pensez que je peux violer une fille aujourd’hui en ville et être libre parce que je soutiens la Transition ? Il y a de nombreuses questions à se poser. Et je refuse le suivisme et le conformisme. Je cherche à comprendre. Je ne condamnerai pas pour donner raison aux ennemis et aux détracteurs, aux hommes et aux femmes de mauvaise foi. Il y a les aigris politiques, les frustrés qui ont quitté l’ALT de Damiba un soir. Il y a cet oiseau de mauvais augure qui ne dort pas parce qu’il n’y a plus de l’ombre sous son arbre, parce qu’il n’est plus proche du pouvoir, parce qu’il a échoué dans la manipulation.
Que l’on se comprenne. Je ne suis pas né hier. On manipule facilement les autres. Et on me manipule rarement et difficilement. Si j’étais cet objet manipulable, j’allais tomber sous les charmes du MPP et des ministres de Damiba. Adja est une affaire sérieuse. Adja est une affaire de justice. Mais, c’est plus que cela. Adja est une stratégie de manipulation pour atteindre un objectif. Adja est une communication pour déstabiliser un pouvoir et pour remettre en selle une vision impérialiste rejetée par la Transition. Voilà l’affaire Adja. Personne n’est contre la Justice. Personne. Et ce n’est pas moi. Mais en période de guerre, il existera toujours des non-dits ici comme en Ukraine et en Russie. Tant pis pour ceux qui vivent à Ouaga et qui ont toujours refusé la réalité de la guerre. Moi, mon village n’existe pas. Et entre la justice et la fin de la guerre, je choisis la fin de la guerre en attendant, sans remettre en cause la justice..
Ce pays s’affiche comme l’un des pays le plus détruit au monde par les intérêts égoïstes, corporatistes, par la mesquinerie et la méchanceté. Aujourd’hui, je suis arrivé à cette conclusion : je dois me battre pour être moi même, pour mourir en étant moi-même, même si je dois abandonner une grande partie des hommes. Je répète que l’affaire de Adja est une belle stratégie de manipulation qui a atteint son objectif avec de nombreuses personnes qui soutiennent la Transition, mais qui a échoué à mon niveau. Vive votre déception à mon égard, aujourd’hui, demain et pour toujours. Je n’apprends pas ce que j’enseigne. Ceux qui m’ont approché avec des stratégies de manipulation vont me lire et ils me connaissent. Ils ont tous échoué.
Voilà, tant pis pour celui qui n’est pas satisfait. Depuis quand j’ai écrit pour satisfaire ? Depuis quand? L’écrivain n’est pas là où les autres voudraient qu’ils soient, disait un célèbre auteur.
Adama Amadé SIGUIRE
Écrivain Professionnel
Consultant en relations humaines
et en management des cellules sociales.
Enseignant de philosophie