[Tribune] « Terrorisme au Sahel : ni la Russie, ni les Etats-Unis, ni la France, ne pourront nous sauver. »

Ceci est une tribune de la Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP) sur la géopolitique dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Les corollaires de la crise sécuritaire dans le grand Sahel, notamment au Burkina Faso, ont engendré une opinion, bien souvent pas avertie, pour laquelle les armées des puissances mondiales constituent la solution toute faite pour annihiler le terrorisme dans cette partie de l’Afrique. Cette posture se manifeste principalement au Burkina Faso par l’organisation de manifestations dites populaires des jours pairs pour réclamer la venue de telle puissance impérialiste ou des jours impairs pour exiger le départ hic et nunc d’autres puissances du même acabit.

Des puissances comme la Russie, les États-Unis, la France, la Chine, la Turquie,… sont régulièrement citées dans ce jeu de « pays sauveurs » ou  » pays à recuser » dans la lutte contre le terrorisme dans nos pays.

Malheureusement, l’incapacité manifeste de cette partie de l’opinion à lire l’histoire du monde crée un boulet aux pieds de l’autorité dans la recherche de solutions idoines dans la lutte contre le terrorisme.

Bonnes gens, il suffit de réviser l’histoire contemporaine pour comprendre qu’aucune puissance dite militaire n’a gagné une guerre impérialiste imposée depuis plusieurs décennies dans le monde. Pire, en plus de perdre ces guerres, ces puissances laissent au soir de leurs départs le chaos, la tristesse et la désolation. Nous citons quelques exemples :

  • la débâcle de l’armée américaine au Vietnam en 1975, et récemment en Afghanistan ;
  • l’échec cuisant de l’armée française en Indochine en 1954 ;
  • la défaite totale de l’armée soviétique (URSS) sur les terres Afghans en 1989.

Les relations internationales entre pays sont basées sur un jeu d’intérêts féroce. Aucune puissance mondiale dans le cadre de l’amitié n’enverra ces citoyens mourir au Sahel, notamment au Burkina Faso, pour sauver nos pays. Aucune puissance mondiale, même la Russie tant vénérée par une opinion émotionnelle, ne viendra faire la guerre à la place des Maliens, des Burkinabè, etc.

Notre salut, incontestablement, se trouve dans les solutions endogènes avec notre peuple, et les peuples frères africains qui vivent les mêmes crises sécuritaires que le Burkina Faso, ou ceux dont la menace est de plus en plus persistance à leurs frontières.

Pour réussir cette réponse endogène, il est nécessaire, primo, de bien observer la situation de l’insécurité sur le terrain et de poser le bon diagnostic dans la mesure où les armées présentées comme les plus puissantes au monde ne sont pas parvenues à éradiquer le terrorisme dans plusieurs contrées.

Comment pourraient-elles nous aider si elles-mêmes n’y sont pas parvenues ?

Ce qui est à retenir, une fois pour toutes par notre opinion, c’est que la menace dite de faible intensité de feu asymétrique est d’une façon générale à l’avantage des groupes armés qui attaquent nos pays. L’outil militaire n’est pas impérativement le moyen adéquat et adapté dans une situation pareille. Que pouvons nous faire dans cette situation complexe ? Il est primordial de mettre en œuvre une réponse de basse intensité dans la dynamique d’inverser l’asymétrie à notre avantage. Il suffit de se référer à l’exemple de la Mauritanie qui a compris et adopté la dite tactique.

Il est tout aussi impératif d’équiper les forces (gendarmerie, police) dont le maillage et la connaissance du territoire sont incontestables pour mener efficacement la lutte sur les différents fronts.

À cela, il est à ajouter une coopérative saine et une action de lutte commune contre l’hydre terroriste avec l’ensemble des pays de l’organisation sous-régionale, le CEDEAO.

Notre victoire contre le terrorisme est à portée de main si seulement nous nous posons les bonnes questions afin d’en déceler les solutions endogènes idoines.

Ousmane SO
Président
de la Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP/BF)