Présidence de l’UA : Saïd Larifou appelle le Kenya à maintenir sa candidature face au Président Azali

Ceci est une lettre ouverte du Président du parti comorien, Rassemblement pour une Initiative de Développement avec une Jeunesse Avertie (RIDJA), adressée au Président kényan, William Samoei RUTO. Il appelle le Chef d’État kényan à maintenir sa candidature pour la présidence de l’Union Africaine face au Président Comorien Azali.

Excellence, Monsieur le Président,

Selon un communiqué de la présidence de l’Union des Comores en date du 19 décembre dernier, dans la perspective du prochain sommet des Chefs et cheffes d’États de l’Union Africaine en février prochain, le Kenya aurait retiré sa candidature à la présidence de l’Union Africaine au profit du colonel Azali Assoumani, ancien Président de l’Union des Comores.
Il en ressort, à la surprise générale, que ce dernier bénéficierait de la confiance de certains dirigeants africains pour assurer la présidence de l’Union Africaine pour l’exercice 2023 / 2024.

L’hypothèse de l’élection de Monsieur Azali Assoumani à la Présidence de l’Union Africaine, serait un abandon inquiétant par les pays d’Afrique de l’Est à assumer leur responsabilité et un reniement intolérable de nos organisations régionales, telles que la SADEC et l’Union Africaine à leurs valeurs et aux principes fondamentaux, rappelés dans leurs chartes et leur engagement à lutter contre la corruption, aux détournements des deniers publics, à garantir une culture de bonne gouvernance et d’État de droit en Afrique.

En effet, alors que les peuples d’Afrique aspirent à une nouvelle vision de l’Afrique incarnée par des dirigeants politiques profondément et sincèrement engagés à inscrire leur gouvernance politique dans une
dynamique respectueuse de l’Etat de droit et l’ alternance démocratique, il est impensable que l’Union Africaine soit dirigée par Azali Assoumani, arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire, qui continue sans cesse dans les coups d’Etat contre les institutions constitutionnelles de l’Union des Comores.
Sa gouvernance est faite de torture, des persécutions policières et judiciaires, d’assassinats politiques, le népotisme , la corruption et les détournements des deniers publics.

Le retrait de la candidature du Kenya à la présidence de l’Union Africaine serait une reconnaissance et une légitimité des pratiques criminelles de ce régime.

Malgré la publication des rapports des Nations-Unies sur la torture , de la décision de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples et le rappel fait des instruments pertinents et traités de l’Union Africaine, notamment à :

  • La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance démocratique, adoptée en
    2007.
  • La Charte africaine des valeurs et principes du service public et de l’administration, adoptée en 2011,
    Monsieur Azali Assoumani persiste à pratiquer la répression au mépris des engagements
    internationaux souscrits par l’Union des Comores et aux appels des instances régionales et
    internationales à mettre fin aux détentions politiques de ses opposants

Le retrait de la candidature du Kenya au profit du colonel Azali Assoumani serait vécue comme une insulte à la mémoire des dizaines de victimes assassinées en toute impunité par des militaires sous le commandement du colonel Azali Assoumani et une injustice pour leur famille et aux prisonniers politiques, détenus depuis plus de quatre en violation des règles du procès équitable et aux leaders
politiques comoriens contraints à l’Exil.

L’élection de Monsieur Azali Assoumani au poste du Président de l’Union Africaine éloignerait davantage l’Union Africaine des préoccupations et inspirations légitimes des peuples d’Afrique qui exigent une vraie réforme des pratiques politiques et la défense de leurs droits les plus fondamentaux et ceux du continent africain.

La Commission Africaine des Droits de l’homme et des Peuples, saisie d’une requête doit se prononcer sur la légitimité de la candidature du Colonel Azali Assoumani au regard des dispositions de la charte et des engagements internationaux et démocratiques de l’Union Africaine.

Cette procédure est fondée sur les dispositions de l’article 17 de la Charte de l’Union africaine en ce qu’elles exigent aux États membres de l’union Africaine le respect du principe d’un État de droit et l’obligation pour eux de faciliter « la participation populaire par le biais du suffrage universel comme un droit inaliénable des peuples ». La Charte rappelle aux États « leur engagement à tenir régulièrement des élections libres et justes. »

Après avoir constaté l’absence de légitimité constitutionnelle, politique et internationale du gouvernement d’Azali Assoumani au regard des violations graves et répétées des engagements internationaux signés par l’Union des Comores, il est impensable que des Etats accordent la moindre légitimité à la candidature du Colonel Azali Assoumani pour diriger notre organisation panafricaine alors qu’il est l’auteur des actes
dont certains ont été signalés à Madame la Procureure de la Cour Pénale internationale et d’autres ont fait l’objet des plaintes au cabinet du Doyen des juges d’instruction près du Tribunal judiciaire de Paris.

En ma qualité de dirigeant d’une formation politique et ancien candidat à l’élection présidentielle, j’exhorte les chefs d’États, membres de l’Union Africaine sur cette question périlleuse de l’élection du président de l’Union Africaine pour l’avenir de notre continent.

Dans les circonstances présentes, marquées par de conflits, le terrorisme, la crise des migrants et le défi démocratique pour notre continent, des partis politiques et des organisations de la société civile africaines, les populations espèrent et attendent beaucoup de la candidature du Kenya à la présidence de l’Union Africaine.

La candidature du Kenya et le leadership des pays de la sous région, l’efficacité et le savoir-faire de leur diplomatie seraient une contribution précieuse à notre organisation continentale et à nos organisations régionales face aux défis immédiats du continent africain.

Vous remerciant de la suite que vous voudrez bien donner à la présente, Je vous prie de croire, Excellence, Monsieur le Président, en l’assurance de ma très haute considération.


Paris , le 24 décembre 2022

Me Saïd Larifou,
Ancien candidat à l’élection présidentielle de l’Union des Comores , Président du
parti RIDJA , en Exil