Tchad : « La population vit au rythme d’enlèvements, de tortures, d’assassinats… » (Tchadiens vivant au Burkina)

Devant la presse ce 24 octobre 2022, le Collectif des Tchadiens indignés résidant au Burkina Faso a donné sa lecture sur la crise politique en cours dans leur pays d’origine. C’était au siège du Balai Citoyen, à Ouagadougou.

Les revendications du collectif sont sans équivoque : « L’arrêt immédiat des violences contre les populations ; la démission de Mahamat Idriss Déby Itno et son gouvernement ; l’arrêt de l’instrumentalisation d’une partie de la population contre une autre en jouant sur la fibre religieuse ; la poursuite en justice des criminels qui ont fauché des vies innocentes ; et l’intervention de la communauté internationale».

Dans leur déclaration liminaire, les indignés Tchadiens du Burkina ont déploré “un jeudi noir” vécu par la population de leur pays le 20 octobre 2022. En effet, les manifestants, sortis nombreux pour protester contre la prolongation de la transition dirigée par Mahamat Idriss Déby, ont été violemment réprimés. « Plus de 70 personnes ont été abattues, plus de 500 autres blessées, et plusieurs centaines de manifestants arrêtés. Ces 70 personnes ont été assassinées à balles réelles parce qu’elles sont juste sorties pour rappeler à un officier qui, à sa prise du pouvoir par les armes, avait dit qu’il n’allait pas se présenter aux prochaines échéances électorales», a indiqué Masbé Ndengar, porte-parole du collectif.

Masbé Ndengar

En plus des répressions contre les manifestants, les membres du collectif ont dénoncé plusieurs autres méthodes d’exactions du pouvoir Déby. « Après la manifestation, les militaires lourdement armés continuent d’enlever des gens dans les quartiers, en violant leurs domiciles sans mandat. Ces personnes enlevées sont conduites dans certains lycées qui sont devenus des centres de torture où elles sont maltraitées jusqu’à ce que mort s’en suive. Leurs corps sont déposés par la suite à la morgue de l’hôpital. C’est la psychose générale dans les quartiers. La population vit au rythme d’enlèvements, de tortures, d’assassinats, de déportations et de disparitions. Le non-respect de l’interdiction de la manifestation ne saurait être une raison donnant lieu à une telle boucherie», s’est indigné le porte-parole.

Dans un esprit de solidarité panafricaine, des organisations de la société civile burkinabè, telles que le mouvement Balai Citoyen, Urgences Panafricaines et « Deux heures pour nous, Deux heures pour Kamita », ont apporté leur soutien au peuple tchadien à travers cette sortie médiatique.