Les dirigeants de la compagnie aérienne nationale de la République démocratique du Congo sont éclaboussés par un scandale de mauvaise gestion de l’établissement dont la trésorerie est alarmante sur fond d’arriérés à l’égard de ses salariés et des prestataires.
Recherché par la justice, le directeur général de la société, Pascal Kasongo a pris la fuite quelques heures après l’arrestation de son directeur financier. Les deux dirigeants sont épinglés dans un rapport de l’inspection générale des finances remis à la justice.
Dans son enquête, l’inspection générale des finances Bavon N’sa Mputu Elima s’est intéressé notamment à un chèque de plus de 600 000 USD émis le 27 décembre 2021 pour régler des arriérés de salaires et de gratifications à destination des employés.
Selon des procès-verbaux de l’IGF datant de fin septembre et auxquels l’agence Anadolu a eu accès, le dirigeant a reconnu que cette somme avait été employé à titre de rétrocommission, en échange d’une dotation de 3 millions de dollars que la compagnie devait percevoir de la part du ministère de l’Économie au titre « d’entreprise à caractère social ». Aux enquêteurs, le dirigeant a déclaré : « Il m’a été dit que si je veux avoir cette somme, il me faudra laisser 20 % de ce montant. J’ai été scandalisé, mes collaborateurs, ils m’ont dit que c’est comme cela que les choses se passent ».
Pour le dirigeant, « c’était une question de survie » de la compagnie. La somme avait été remise à la secrétaire du ministre de l’Économie – à l’époque Jean-Marie Kalumba. Ce dernier a été destitué en mars dernier.
Le directeur financier aux arrêts a dévoilé à la justice le mécanisme mis en place pour subtiliser les ressources financières de cette entreprise publique. Il a expliqué « qu’après le paiement par les Finances, un montant équivalent à 1.500.000 dollars de carburant retournaient, chaque mois au cabinet du ministère de l’Économie », a indiqué une source judiciaire précisant que plusieurs personnalités, dont des responsables des ONG de bonne gouvernance sont impliquées dans la distribution des fonds détournés depuis plusieurs mois.
L’agence Anadolu n’a pas accédé aux procès-verbaux d’audition de ce détenu.
La compagnie se trouve dans une « situation alarmante », avait déclaré le ministre des transports Chérubin Okende devant l’assemblée nationale en septembre dernier.
Lancée en 2014 avec 4 aéronefs, Congo Airways n’a plus qu’un seul avion (Airbus 320) pour couvrir le territoire national. Le reste de la flotte est cloué au sol pour raisons techniques. Les destinations africaines ont été supprimées et les vols intérieurs connaissent d’importantes perturbations entre retards et annulations.
Agence Anadolu