“Quand Barsalogho, Foutouri et Titao déménageront à Ouaga,…les arraignées et les rats vivront sans crainte dans les palais” (J. L. Bouda)

Dans la tribune ci-dessous, Jean-Léonard Bouda se prononce sur l’indifférence généralisée et la cupidité qui nourrissent l’hydre terroriste au Burkina. Pour lui, personne ne sortira gagnant de cette situation. D’où un appel au sursaut et à l’orgueuil patriotiques.

DE TOUTE NOTRE AME

Notre société est gangrénée par l’avidité, la haine, la méchancété et l’absence d’esprit communautaire et de solidarité. La fierté d’être burkinabè a disparu pour certains. Tout ou presque tout est pourri. Il faut un changement radical, car nous ne pouvons pas nous contenter de la pourriture. Nous ne pouvons pas croiser les bras désespérés, à regarder. Nous mourrons comme l’a dit Ki-Zerbo. A quoi bon vivre si nous n’avons plus d’espoir ? C’est l’espoir d’un lendemain meilleur qui donne un sens à la vie humaine. Quand on baisse les bras, la vie nous tourne le dos et la mort nous engloutit.

Notre espoir se fonde sur le fait que tout va mal. Si tout allait bien, on se serrait contenté de jouir des bienfaits de la vie. Notre espoir doit se bâtir alors sur les ruines des pourritures de notre société. Ces pouritures doivent nous revolter et nous ammener à avoir honte du regards de nos ancêtres qui dorment et de nos enfants qui pleurent de honte. Que laisserons nous pour nos enfants pour qu’un jour ils ne viennent pas cracher sur nos tombes ? « Malheur à ceux qui ne font pas mieux que leurs parents ! »

Avons-nous étés maudits? Cette société que nous sommes en train de détruire ne va-t-elle pas emporter nos enfants demain? Pourront-ils y échapper et faire mieux que nous ? On peut bien s’en inquiéter et en avoir peur. Cette peur concerne aussi bien les pauvres que les riches. Notre Faso lézardé risque de s’effrondrer sur tous sans discernement, sur ceux qui portent le Faso danfani brodé ou la veste comme ceux qui portent des haillons, sur ceux qui se qui se disent réfléchis ou malins comme ceux qu’on qualifie d’idiots, sur ceux qui font la politique comme ceux qui s’en repugnent, sur ceux qui portent la tenue de combat comme ceux qui trainent dans les bars et discothèques. Nous risquons tous de « disparaitre ensemble » à moins que nous nous disions : « Ensemble, sauvons le Faso!» .

Travaillons à construire un bel avenir pour tous! Personne n’aura un avenir dans un pays désaxé, appauvri, divisé et en partie occupé. Personne n’en aura et les enfants de personne non plus. Certains Burkinabè ne pensent qu’à eux, leurs enfants, leurs familles et leurs amis. Même s’il faut voler, tricher, piller, détruire,… ce sont leurs enfants et eux qui comptent. Les autres peuvent mourir de faim ou de maladies sous les tentes de Barsalogho ou par les couteaux des terroristes de Madjoari ou de Gorgadji.

La jeunesse, privée d’emplois et d’espoir, peut se perdre dans la fumée du chanvre indien, dans les poudre du tramadol ou dans les flots des liqueurs frelatées. Les femmes peuvent pleurer de douleur, l’abandon par ceux qu’elles ont fait naitre dans la douleur de l’enfantement. Rien ne les émeut. Pourvu qu’ils amassent plus d’ors . Savent-ils que dans le brasier général qu’ils attisent, leur grenier famillial va aussi brûler et que ceux qui sont privés de tout actuellemnt auront bien peu de choses à perdre ?

Quand Barsalogho, Yirgou, Foutouri, Dablo, Sollé, Titao, Madjoari déménageront à Ouaga, Bobo, Koudougou, les riches et les pauvres, ceux qui causent mal et ceux qui sont sages, ceux qui pillent et ceux qui moralisent, ceux qui sont forts et les faibles, ceux qui se terrent et ceux qui dansent autour de succulents mets, ceux qui pleurent et ceux qui se réjouissent, tous auront le même sort. Les araignées et les rats vivront sans crainte dans les palais ! Que vaudra une richesse amassée sans terre où en jouir ? Quel sera l’avenir des enfants des riches et des pauvres dans ces conditions ? Sombre! Il est donc obligatoire qu’on accepte la souffrance et la dureté du combat d’aujourd’hui pour éviter la misère, la crasse et le clash de demain.

Les prières seules ne suffiront pas. Nos cœurs sont remplis de haine pour que Dieu nous écoute. Il est bien necessaire que nous ayons la volonté, le courage et la détermination pour changer les choses. Il faut bien que nous acceptions « l’eau potable pour tous, plutôt que le champagne pour quelques uns ». La vie est un combat, dit-on. Alors, nous devons demmarrer le combat pour la justice, pour l’equité, pour la fraternité et pour l’intégrité de notre Faso. Comme nos aïeux nous ont conté leur bataille contre l’esclavage et la colonisation, puissions-nous un jour avoir de quoi raconter à nos petits-enfants sur nos combats et nos victoires contre l’exclusion, la misère, le terrorisme et la recolonisation occidentale.

Nous devons vaincre l’effroyable férule humiliante et la rapacité du monde occidental. Même si nous devrons échouer par moments, nous aurons montré à la face du monde que nous sommes de vrais hommes, nés de vrais hommes.

Jean-Léonard Bouda