[Tribune] « La paix et la réconciliation ne sont pas de vains mots ; ce sont des actes. »

Ceci est une tribune de Harouna Dabré dit Lengha fils, sur la problématique de la justice et de la réconciliation nationale.

En 2011, Laurent Bagbo est arrêté sur son lit conjugal avec son épouse et toute sa famille. Cette arrestation humiliante et dégradante est diffusée par toutes les télévisions du monde entier, et Laurent fut conduit comme un vulgaire voleur de poulets dans d’autres lieux que le palais présidentiel où il vivait.

A l’époque des faits, Laurent Gbagbo était président de la République de Côte d’Ivoire et avait déjà passé 10 ans dans cette haute fonction.

Transféré à la Haye où il a passé plus de 10 ans en prison

10 ans d’incarcération, de privation de liberté et d’actions, je dirai 10 ans inutiles et de gaspillage. Laurent Gbagbo est acquitté sans qu’on ne sache qui est coupable des 3000 morts en Côte d’Ivoire.

A la minute de son acquittement, la justice ivoirienne lui colle une peine d’emprisonnement de 20 ans.

Au nom de la réconciliation nationale des Ivoiriens, Laurent Gbagbo reçoit depuis la Haye son passeport et est invité à rentrer dans son pays.

17 juin 2021 : c’est un retour triomphal à Abidjan de Laurent Gbagbo sur qui court une condamnation de 20 ans ferme.

Quelques temps après, il a été reçu à la Présidence de la République par le Président lui-même. Tout ceci, avec toujours la peine de 20 ans d’emprisonnement ferme sur son dos.

N’y a-t-il pas de célèbres avocats et d’hommes de justice en Côte d’Ivoire pour rappeler aux autorités ivoiriennes que force reste à la loi? Que c’est indigne de recevoir un prisonnier et un condamné de justice avec tous ces honneurs? Que c’est scandaleux d’empêcher une exécution de décision de justice? Que bla bla bla?

Tout ça me conforte dans la célèbre phrase du tout premier avocat du Burkina Faso, Me Frédéric Titinga, quand il dit : « La nation est au dessus de tout ».

Oui! Les hommes de justice, les responsables politiques, la population, tous en Côte d’Ivoire ont mis la nation au dessus de tout.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est sur les rails de la véritable réconciliation. Laurent Gbagbo parcourt le pays en toute liberté avec sa condamnation de 20 ans au dos. Les Ivoiriens ont de plus en plus de sourire et de paix. L’économie ivoirienne se sent nettement mieux. Tout le pays est en construction.

Aujourd’hui, combien de politiques burkinabè ont-ils investi en Côte d’Ivoire? Mais pouvaient-ils le faire il y a 10 ans en arrière? Vous devez avoir honte de profiter indignement de ce que vos frères ivoiriens ont construit à la sueur de plusieurs sacrifices et d’abandon de soi pour les autres.

Le Burkina Faso peut être un havre de paix aussi. La haine qui sévit aujourd’hui entre Burkinabè est entretenue d’abord par les acteurs politiques de tout bord, les mange-mils d’OSC et les autres responsables qui sont hostiles à tout changement de direction de vent.

Quand il y a autant de haine dans un pays, les portes de tous les dangers s’ouvrent d’elles-mêmes, même celles de l’enfer. C’est ce que Laurent BADO a dit depuis longtemps. La haine et la médiocrité poussent les portes de l’enfer à s’ouvrir sur un pays.

Au Burkina Faso, tous ceux qui sont contre la réconciliation ou qui développent de faux prétextes pour s’en éloigner, ont acquis durant les périodes troubles de notre histoire et dans l’ignorance des masses populaires, un confort matériel et financier qu’ils estiment à risque dans une période de paix et de cohésion sociale. Donc ils font tout pour entretenir l’inconfort social des Burkinabè, source de leur confort financier et matériel.

C’est de ça qu’il s’agit.

Nous devons avancer et même vite à la réconciliation. Si la Côte d’Ivoire avec ses plus de 3000 morts, a réussi, pourquoi nous burkinabè n’allons pas réussir, et mieux, avec nos peu de morts?

C’est pour cela je vais enfin m’adresser sur cette ligne, cette unique ligne au Président Damiba (c’est la toute première fois que je m’adresse à lui depuis son arrivée au pouvoir) : Président, il faut foncer. Les vents et marées qui soufflent ça et là ne sont rien par rapport au tonnerre d’impatience des Burkinabè qui veulent la paix pour retrouver leur vie habituelle. Vous êtes aujourd’hui à un niveau où descendre est aussi plus risqué qu’avancer. Mais avancez, car c’est au sommet que se trouve l’espoir ; en bas c’est le chaos.

Que Dieu sème suffisamment le pardon dans le cœur des Burkinabè!
Que Dieu bénisse le Burkina Faso 🇧🇫!

Bon djouma!

Harouna Dabré dit Lengha Fils