Crise de Perkoa : « Ils ne nous disent pas la vérité ! » (CPPU)

Le Collectif Pour un Peuple Uni (CPPU) était face à la presse ce mardi 10 mai, pour dénoncer la mauvaise communication sur la crise de Perkoa. La conférence était animée principalement par le coordonnateur du collectif, Abdallah Ben Aziz Ouattara, qui n’est pas passé par quatre chemins pour fustiger l’attitude des autorités politiques et de la société minière.

Les membres du CPPU pensent qu’il n’y a pas de communication claire sur le fait que 08 travailleurs sont coincés dans les galéries de la mine de Perkoa depuis trois semaines. Ils ont indiqué que ce n’est pas que l’eau de ruissellement qui a occasionné l’inondation de la mine. « Il y a des digues qui ont été construites, et il y’en a une qui contenait de l’eau, qu’ils ont retenu là-bas, qui sert de traitement de minerais. On leur avait donné l’information à temps que la digue allait céder, mais ils ne l’ont pas pris en compte. A la faveur de cette grosse pluie diluvienne, la digue a cédé », a expliqué Abdallah Ben Aziz Ouattara.

Les membres du CPPU se posent la question de savoir pourquoi la société minière n’a pas pris les dispositions nécessaires à temps, et, surtout, pourquoi elle a pris autant de temps avant de communiquer. Pour le coordonnateur, « c’est parce qu’ils [les responsables de la société] prenaient la situation à la légère. C’étaient des motopompes à base de gazoil qu’ils utilisaient pour pomper l’eau, pour toute une mine qui amasse autant d’argent… Et S’ils ont pris les choses au sérieux en faisant venir du matériel du Ghana, de l’Afrique du Sud et du Maroc, c’est grâce aux différentes publications des médias. Pire, le temps d’installation peut prendre 24 heures, alors qu’une seule seconde est largement suffisante pour perdre la vie ».

Concernant la cellule de crise mise en place par le gouvernement pour suivre les travaux de recherche, les membres du CPPU pensent que c’est « du n’importe quoi ». « C’est dans une simple maison installée au haut-commissariat. Le jour où nous y sommes arrivés, il y avait une coupure d’électricité ; nous étions assis dans le noir. Ils ne sont même pas en mesure de se trouver un groupe électrogène. Et les familles de ces 8 mineurs sont laissées à elles-mêmes sans aucune prise en charge psychologique. Les autorités ne sont même pas au courant de ce qui se passe avec les familles de ces personnes », a laissé entendre le coordonnateur du collectif.

Les membres du CPPU tiennent pour responsable de la situation la mine elle-même, propriété du suisse Glen Gold (50,1%), de l’australien Black Ton (39,9%) et du Burkinabè Nantou Mining (10%), ainsi que la fondation de la mine. « Nous sommes étonnés que ce soit des bonnes volontés qui donnent du soutien à ces familles, alors que la mine a exploité à nos jours près de 835 mille tonnes de minerais, et a déversé une dizaine de millions de francs à la fondation pour les questions de risque. Il faut que cette fondation sorte nous dire ce qu’elle fait avec ces sous pour la question sociale, et surtout, ce qui se passe là-bas », a conclu M. Ouattara.

Djamila Kambou