Musique : pour Eldji, les artistes burkinabè ne sont pas mis en valeur

Eldji, de son vrai nom Abdoulaye YOSSI, est un artiste-musicien, chanteur et auteur-compositeur burkinabè résidant à Bobo-Dioulasso. Né en 1985 dans cette ville, Abdoulaye YOSSI est l’unique garçon d’une famille de griots forte de 5 enfants. Et c’est cette origine qui explique sa passion pour la musique, car les griots sont de la caste des poètes et musiciens. La musique pour moi est comme un héritage. Mon père fut le chef des griots de Bobo’’, explique l’artiste. Pour lui, la scène musicale burkinabè regorge de talents, mais souffre d’un manque d’accompagnement.

Eldji abandonnera les bancs en classe de 3e pour sa passion. En effet, au lycée déjà, il participait aux compétitions de chants et danses, ce qui a finalement pris le dessus sur ses études. Craven A flow, All Flows et Faso académie sont, entre autres, des compétitions auxquelles a participé l’artiste. 

Puis l’aventure en duo en 2006

‘”Lumière de Dieu’’, c’est le titre de l’album du duo Cisby et Eldji, qui comportait le titre phare ‘’denko’’. Un album sorti en 2009 et qui a été sacré Kundé de la révélation et Kundé de l’espoir en 2010. L’album a été baptisé ” Lumière de Dieu” car ‘’c’était le bout du tunnel’’, selon l’artiste, qui dit avoir souffert avec son coéquipier pour trouver un producteur. C’était le départ d’une belle collaboration entre Eldji et Cisby. Une aventure  qui va durer 6 ans, avant que les chemins des deux se séparent. 

L’album Kalifa ’coup d’essai, coup de maitre’’

En 2017, l’artiste Eldji met sur le marché discographique son premier album solo intitulé ‘’Kalifa’’. Un album de 13 titres qui marque ainsi le début d’une nouvelle aventure. D’où ce titre en dioula qui signifie ‘’se confier à Dieu’’. Un album, fruit d’une autoproduction, qui a connu un franc succès. ‘’Le coup d’essai ça été un coup de maitre’’, dira t-il.  

Cisby, l’ex compagnon de Eldji, suit également son bonhomme de chemin. Il a fait sortir un premier album en 2015, puis un second en 2021. Aux dédicaces de ces deux albums, Eldji était absent. Il se justifie : ‘’ À la sortie du premier album, j’étais absent, j’étais à Ouaga. A la sortie du deuxième, en âme et conscience, je n’ai pas été associé, je n’ai pas reçu d’invitation’’. Il affirme ne pas connaitre les motivations de son ex compagnon, mais rassure qu’il n’y a pas de rancune entre eux. 

Un nouvel album d’ici fin 2021, selon l’évolution de la situation sanitaire

4 ans après la sortie de l’album‘’Kalifa’’, Eldji a à son actif 5 singles. Pour lui, l’album est ‘’comme une carte d’identité de l’artiste’’.  Et pour sortir un album, il faut fournir de l’énergie et étudier le terrain. ‘’Actuellement il ya trop de sortie d’albums au Burkina’’, et cela peut être étouffant selon Eldji.  Il prévoit la sortie d’un nouvel album en fin 2021 si la situation sanitaire s’améliore. 

Les artistes-musiciens burkinabè ne sont pas mis en valeur

Disposer d’un ou de plusieurs albums, c’est le vœu de tout artiste-musicien. Mais ce vœu se heurte à des difficultés. Pour l’artiste, réaliser un album est une chose, le promouvoir en est une autre. Et pour cause, selon Eldji, les artistes qui viennent d’ailleurs et remplissent les stades ne font rien de sorcier, rien de plus que les artistes d’ici. ‘’On ne nous met pas en valeur, on ne nous aide pas’’, explique-t-il.  La vraie difficulté, ‘’c’est le djèh’’ (Ndlr l’argent).  Selon l’artiste, les musiciens burkinabè manquent d’accompagnement, et des autorités, et des mélomanes. Du talent il y’en a. La preuve est faite, selon lui, par la nouvelle génération d’artistes qui bouscule et qui arrivera peut-être à faire changer la donne.

Fatim COULIBALY, correspondante de ACTUALITE.BF dans les Hauts-Bassins