[EDITO] 900 caméras à Ouaga et Bobo : et si nous pensions entretien, pour une fois ?

Le 08 juillet dernier, le Premier ministre Christophe DABIRE a officiellement lancé le projet de sécurité des grands centres urbains, SMART. Un vaste projet qui coûtera plus de 52 milliards de francs CFA, et qui verra pousser 900 cameras pour tenir à l’œil les délinquants. Mais s’il y a une vérité bien amère que nous devons nous efforcer d’avaler, c’est le fait que l’Administration burkinabè n’a pas assez développé la culture de l’entretien, de la maintenance et de la protection des biens publics.

Le ministre de la sécurité Maxime Koné a expliqué, lors de la cérémonie, que le projet SMART est composé d’un centre de commande unifié comprenant un centre de commande national à Ouagadougou, et un centre de commande régional à Bobo-Dioulasso ; d’un système de vidéoprotection de 300 sites de caméras pour un total de 900 caméras; d’un système de communication large bande comprenant 16 stations de base eLTE; de 700 terminaux mobiles ; de 4 terminaux montés sur véhicules ; de 4 drones ; de 650 Km de réseau Backbone en fibre optique pour interconnecter certaines villes et localités du pays ; de 150 Km de réseau métropolitain en fibre optique pour interconnecter les différents sites dans ces deux villes.

Tout cela va coûter précisément la somme de 52 301 810 024 Francs CFA.

Cependant, les exemples foisonnent, qui démontrent à souhait qu’après des inaugurations et des réceptions à grande pompe, les investissements à coups de milliards tombent dans les ruines et l’abandon. Les feux tricolores et lampadaires à base d’énergie solaire, la vallée du Sourou, les équipements des hôpitaux, le parc automobile de l’Etat, …Ce sont autant d’exemples de gestion peu sobres et rationnelles, dont s’est rendue coupable toute une administration, à commencer par ses premiers responsables.

A chaque fois, l’on casse tout, l’on jette tout, pour acheter du nouveau.

Nos frères du Rwanda, las de ce cercle vicieux, ont ainsi vendu 4000  des 5000 véhicules que comptait le parc automobile national, en 2018. Parce que, ça coutait cher de vidanger, de réviser, de réparer, d’approvisionner en carburant et en lubrifiants, pour des transports d’agents publics, parfois non-nécessaires.

Nos partenaires japonais, eux, ont depuis longtemps adopté la bonne manière du Kaizen, qui voudrait que l’on prenne soin de l’existant, ensemble et à moindre coût, plutôt que de recommencer chaque fois et jeter de l’argent par la fenêtre.

Le défi que devraient relever nos responsables en charge de la sécurité et ceux en charge du numérique, c’est de maintenir aussi longtemps que possible, les installations de SMART en bon état. Cela nécessite un regard vigilant des plus hautes autorités, ainsi que des prestataires et des structures partenaires impliquées.

L’autre défi pour nos autorités en charge de la sécurité nationale, c’est de réussir à faire un usage républicain et patriote de SMART. De sorte à éviter un Watergate à la burkinabè, dans lequel des opposants et des syndicalistes seraient épiés dans leurs vies privées et dans leurs engagements citoyens.

Comme le disait le Président du Faso Roch Kaboré, dans son dernier discours en date, il ne faut pas se tromper d’ennemis. Ceux qu’il faut espionner, surveiller et infiltrer, ce sont les terroristes qui nous agressent. 

 
Sur ce point, le ministre Maxime Koné a tenu à rassurer les Burkinabè : « J’aimerais, au nom du Gouvernement, rassurer l’ensemble des citoyens que ce nouveau dispositif sécuritaire a pour ultime objet de protéger et non de surveiller, de sécuriser et non d’épier ».

Qu’il en soit ainsi, et que SMART réduise sensiblement la criminalité urbaine qui prend du galop ces derniers temps.

La Rédaction