Burkina : les promoteurs immobiliers accusent le Gouvernement de les livrer à la vindicte populaire

La Coordination des associations des promoteurs immobiliers du Burkina Faso a organisé une conférence de presse ce vendredi 30 avril à la Maison de la Jeunesse et de la Culture Jean-Pierre GUINGANE de Ouagadougou. Objectif : parlers des difficultés que traverse la profession, et proposer des pistes d’accord avec les trois structures de tutelle que sont le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation; le ministère de l’urbanisme, de l’habitat et de la ville; et le ministère de l’économie, des finances et du développement. La conférence de presse était animée par Roger P. NIKIEMA, président de l’Association des promoteurs immobiliers; Gilbert KAFANDO, président de l’Union nationale des promoteurs immobiliers du Burkina (UNAPIB); Daouda BADINI, président du Syndicat des promoteurs immobiliers (SYNABIP); et quelques membres de différentes associations du secteur.

Les principaux animateurs de la conférence de presse

Dans son intervention, Roger NIKIEMA a rappelé qu’en date du 13 avril 2021, les trois ministères concernés ont, par arrêté conjoint, procédé à la création d’un comité de réflexion sur les mesures conservatoires d’urgence en matière de gestion foncière au Burkina Faso. Ce comité interministériel a, selon lui, été installé le 21 avril dernier, avec pour mission principale de proposer, entre autres, dans un délai de 21 jours, des mesures conservatoires urgentes et fortes sur la promotion immobilière. Ce, avec effet d’application immédiate.

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Pour le président de l’Association des promoteurs immobiliers du Burkina, en marge de cette cérémonie d’installation, le Gouvernement a donné le ton, et dévoilé clairement ses intentions. A titre d’illustration, il brandit des propos attribués au ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale, Clément P. SAWADOGO : “Le territoire burkinabè est en train d’être dépecé tel un mouton de tabaski  par les sociétés immobilières”. Quant au ministre Bénéwendé SANKARA, les promoteurs immobiliers rappellent qu’il aurait proposé de « faire marche arrière et appliquer la politique foncière sous la Révolution… », et qu’il aurait déclaré :  « si on ne peut pas faire la chimiothérapie pour traiter le cancer, les médecins conseillent de couper la partie ».

Ces propos, selon Roger NIKIEMA, sont de nature à discréditer les promoteurs immobiliers aux yeux de l’opinion nationale, en leur rendant coupables de tous les maux qui minent le foncier au Burkina Faso. Afin d’apporter une réaction commune des promoteurs immobliers, M. NIKIEMA affirme : « Nous voudrions par cette tribune dénoncer collectivement les allégations qui sont faites et interpeler l’autorité sur la nécessité du respect des droits des entreprises et du citoyen dans un Etat de droit ». Et d’ajouter que la gouvernance foncière aujourd’hui constitue un défi qui se pose tant du point de vue de la responsabilité des acteurs que celle de l’État, qui doit pouvoir encadrer et préserver la liberté d’exercice pour le développement de l’économie.

Le président NIKIEMA indique que le Burkina Faso dispose d’un arsenal législatif en matière de règlementation foncière et immobilière suffisant pour traiter les questions foncières et immobilières. Malheureusement, dit-il, le non-respect ou la non-application de ces textes et lois par l’Administration est tributaire de leurs complexités, voire parfois de leurs contradictions.

M. NIKIEMA évoque également les maux qui minent le paysage dans lequel ils évoluent. Il cite par exemple, le SDAU (Schémas Directeur d’Aménagement Urbain) adopté en 1999, et qui n’a été validé qu’en 2020, pour l’horizon 2025. A cela s’ajoute, selon le principal animateur de la conférence, le non- traitement des dossiers de demande d’approbation de projets immobiliers.

Qu’à cela ne tienne, les conférenciers du jour réaffirment leur disponibilité à accompagner le Gouvernement, non seulement, dans sa politique nationale de construction de logements, mais aussi pour l’apurement du passif foncier, ainsi que les opérations de restructuration. Ils appellent à la recherche d’une solution pérenne et efficace en proposant la création d’un cadre de concertation, et l’application pure et simple des textes et lois qui régissent leur secteur d’activité.