Popularité de Laurent GBAGBO et Blé GOUDE : trois clés pour comprendre

L’acquittement définitif de Laurent Koudou GBAGBO et de Charles Blé GOUDE par la Cour d’appel de la Cour pénale internationale (CPI), a provoqué de vives réactions à travers le monde. Si l’ancien chef d’Etat ivoirien et son ex-ministre de la jeunesse se sont éclipsés du paysage politique de leur pays depuis dix ans, leur popularité ne semble pas avoir pris une ride. Le journaliste et analyste politique ivoirien André Silver KONAN, joint au téléphone par ACTUALITE.BF, explique les éléments qui ont pu entretenir cette popularité.

D’entrée de jeu, André Silver KONAN fait observer que «Charles Blé GOUDE évolue dans l’ombre de Laurent GBAGBO», ce qui revient à dire que c’est la bonne image de l’ex-président qui jaillit sur son fidèle lieutenant.
Dans son analyse, M. KONAN évoque trois principales raisons qui expliquent cette popularité des deux hommes. Il y a d’abord les conditions de leur arrestation : c’était suite à une crise née de l’élection de 2010 que Laurent GBAGBO déclarait avoir remportée, tandis que le clan OUATTARA proclamait aussi sa victoire. Sur ce point, la Cour constitutionnelle de Côte d’Ivoire avait déclaré Laurent GBAGBO vainqueur, mais la Communauté internationale, à travers l’ONU-CI, avait reconnu la victoire de Alassane OUATTARA. «Donc, pour de nombreux partisans de Laurent GBAGBO, ce dernier a été victime d’un braquage électoral», explique notre analyste.

Ensuite est intervenu le bombardement, par la Force Licorne, de la résidence présidentielle où GBAGBO était réfugié avec certains de ses proches. Pour André Silver KONAN, cette attaque menée par une force française a été vue comme une intrusion étrangère dans la politique ivoirienne, même si elle obéissait à un mandat de l’ONU. «Il y a ce sentiment souverainiste et nationaliste qui a rallié tous les anti-français du monde», relève M. KONAN.
Le troisième aspect, qui est plus récent, c’est le procès de la CPI. Selon le journaliste et analyste politique, le bureau du procureur de la CPI a, au départ, présenté le dossier comme étant un plan commun qui avait été mis en place par Laurent GBAGBO et ses proches pour conserver le pouvoir. «Mais au fil du procès, le bureau du procureur a été incapable de prouver ce plan commun, jusqu’à ce que le juge président de la Cour d’appel estime que les éléments de preuve étaient exceptionnellement faibles. Tout cela a contribué à la perception que Laurent GBAGBO a été victime d’un système, et cela crée nécessairement des partisans», a conclu André Silver KONAN.