[Interview] Entre le front et le studio, Saga Den entretient sa passion pour la musique

De son vrai nom Apouri Dénis, Saga Den est un artiste-musicien burkinabè, natif de la province du Nahouri. Depuis le bas âge, il n’a cessé de faire de la musique, un objet de passion et d’expression. Bien qu’il exerce avec dévouement le métier de gendarme, Sagaden s’est toujours battu pour se faire une place dans le showbiz burkinabè. Le 17 août dernier, l’artiste lançait sur le marché un single intitulé « Danser pour les mariés ». Entre carrière musicale et métier des armes, comment Saga Den ménage-t-il les choses? ACTUALITE.BF a reçu l’Etoile du Nahouri dans ses locaux, le mardi 17 août 2021. Lisez plutôt !

ACTUALITE.BF : Qu’est ce qui a motivé Saga Den à faire de la musique ?

Saga Den : Je suis entré dans la musique, sans me rendre compte. Parce que, depuis l’école primaire déjà, je n’étais pas doué partout, mais en récitation-chant, je me rappelle que les instituteurs s’appelaient pour venir m’écouter.

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ACTUALITE.BF : Et ensuite? Parlez-nous un peu de votre parcours musical!

Saga Den : J’ai un album depuis 2013, qui est sur le marché. Après, s’en est suivi une dizaine de singles. Et à partir de 2015, j’ai commencé à exploiter la musique du terroir, et à faire du tradi-moderne.

ACTUALITE.BF : Est-ce que vous côtoyez des artistes civils ?

Saga Den : Oui, naturellement, quand on est dans le milieu. Je traîne surtout avec Fush (Fush Alpha NDLR). Je discute beaucoup avec Melo, Will B Black, Imilo, et Dez Altino qui a été mon parrain.

ACTUALITE.BF : Est-ce que votre métier de gendarme n’impacte pas votre carrière d’artiste-musicien ?

Saga Den : Quand on fait deux choses, c’est normal qu’il y ait des difficultés, qu’il y ait souvent des choix à faire, des décisions à prendre. Mais toujours est-il que mon métier de gendarme est prioritaire. Donc, à chaque fois que le devoir m’appelle, je mets une pause à ma carrière musicale pour aller répondre. La preuve est que j’ai fait pratiquement trois ans d’absence sur la scène musicale, parce que j’étais à l’extérieur, ensuite au Nord. Maintenant, je suis là et je suis en train de marquer ce retour avec ce single que je viens de balancer, « Danser pour les mariés », un son qui parle de mariage.

ACTUALITE.BF : Quels sont vos projets dans le showbiz ?

Saga Den : Je travaille à me faire connaître davantage. C’est vrai que dans le milieu, je suis quand même connu. La plupart des artistes savent qui est Sagaden. Mais il y a ce «boom » là qu’on n’arrive toujours pas à faire, parce qu’il y a le métier de gendarme qui m’occupe beaucoup. Ce qui m’empêche de me donner à 100%. Mais la musique reste une passion pour moi. Je faisais bien la musique avant d’intégrer la gendarmerie. Du coup, j’arrive à me retrouver.

ACTUALITE.BF : Quel est le mauvais souvenir qui vous a le plus marqué ?

Saga Den : C’est le décès de mon papa qui m’a vraiment secoué. Ça a été un coup dur pour moi.

ACTUALITE.BF : Pensez-vous que la musique a un rôle à jouer dans cette crise sécuritaire que traverse le Burkina Faso ?

Saga Den : Je pense que oui, naturellement. Parce qu’il y a déjà plein d’artistes qui font des chansons de sensibilisation. Des chansons pour redonner le moral aussi, pour encourager les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et leur témoigner leurs soutiens. Donc, du coup, c’est une manière de lutter contre le fléau qu’est l’insécurité.

ACTUALITE.BF : Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre carrière d’artiste?

Saga Den : Comme tout autre artiste, surtout qui n’est pas très bien connu, je rencontre des difficultés, notamment le problème de soutien, de moyens. Tu peux toujours bien chanter et faire de belles mélodies, entrer en studio, mais si tu n’as pas les moyens pour pousser loin ta musique, c’est compliqué. La promo déjà, ce n’est pas du jeu. Réaliser un clip de belle facture, ce n’est pas du jeu non plus. Le manque de moyens est un véritable problème. Il y a aussi le fait que d’autres cultures sont en train de nous envahir. Quand on prend la musique burkinabè, on ne sait pas vraiment ce qu’elle est. Ce n’est pas comme au Mali, au Sénégal, au Ghana et en Côte d’Ivoire… Mais je me dis que les artistes sont en train de prendre conscience en essayant de travailler pour donner une identité à notre musique. Ce qui va nous faciliter les choses.

ACTUALITE.BF : Quel est le niveau de la musique burkinabè actuellement, selon Saga Den?

Saga Den : Le niveau est quand même élevé, parce que de plus en plus, on arrive à se faire connaître. Il y a notre compatriote Bebeto Bongo, par exemple, qui est très bien reçu au Cameroun, mais qu’on ne connait pas bien au Burkina. C’est pour dire qu’on fait de la bonne musique. On a juste besoin que nos fans croient en nous, et qu’ils nous prennent comme des stars, qu’ils nous élèvent et nous soutiennent à fond. En matière de clips vidéos, nous ne sommes pas derrière non plus. Il nous manque juste des moyens pour faire des merveilles. Je donne la note de 07 /10.

ACTUALITE.BF : Un dernier message à l’endroit de vos frères d’armes, des artistes et la jeunesse burkinabè!

Saga Den : Je leur dis merci, et je les encourage à ne jamais abandonner. Ce message fait partie des thèmes que j’aborde dans mes chansons : continuer à se donner dans tout ce qu’on fait, peu importe ce qu’on fait. La preuve est que je pouvais croiser les bras et me dire que, comme je suis gendarme, je ne peux pas faire de la musique, c’est fatiguant, etc. Mais j’ai décidé de ne pas baisser les bras, malgré les obstacles. Il faut croire en soi. J’ai même fait sortir une chanson titrée « Dankan », avec Barack La Voix d’or. On y arrive toujours quand on y croit.

Interview réalisée par Nabi Bayala (Rédacteur en chef)

Et Souleymane Zoetgnandé (Chef du Desk Culture)